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La présidence espagnole de l’UE abandonne nos éleveurs de poulets !

20 Sep La présidence espagnole de l’UE abandonne nos éleveurs de poulets !

Depuis le mois de mai 2022, afin de soutenir l’économie de l’Ukraine, l’Union européenne a décidé de suspendre temporairement les droits de douane pour les produits ukrainiens arrivant sur notre marché. Plus d’un an après, l’exception est devenue la règle et ces mesures d’urgence se sont pérennisées, laissant amers de nombreux acteurs économiques, en particuliers nos éleveurs de volaille.

Les chiffres sont en effet catastrophiques pour la filière : sur les 24 premières semaines de 2023, les importations en provenance d’Ukraine ont augmenté de 108%, et même de 201% sur la viande fraîche.

Si on peut comprendre l’exigence de solidarité vis-à-vis de l’Ukraine, force est aujourd’hui de constater que nous ne pouvons plus faire face au déferlement de poulets ukrainiens sur notre marché.

Cela aide-t-il seulement le peuple ukrainien ? Rien n’est moins sûr puisque la crise profite essentiellement à un oligarque milliardaire proche du régime de Kiev, Yuriy Kosiuk, qui contrôle 90% des exportations de poulets. On est donc bien loin de l’aide aux populations sinistrées…

Je me suis rendu le 8 septembre dans l’Ouest de la France auprès d’un éleveur de volaille, pour constater par moi-même l’ampleur de la crise. Il m’a malheureusement confirmé son désarroi face à cette situation et surtout face à l’abandon de la part de nos dirigeants français et européens.

Des solutions existent pourtant. Elles sont d’ailleurs réclamées par l’interprofession française des volailles de chair (ANVOL), qui alerte sur la situation de la filière depuis de nombreux mois : utilisation de la réserve de crise, et surtout activation des mesures de sauvegarde.

C’est le ministre français de l’agriculture Marc Fesneau qui a asséné un premier coup à la filière en refusant ces solutions le 12 septembre, au motif qu’il ne veut pas « envoyer de signaux hostiles à l’Ukraine ». Plus grave, le ministre de l’agriculture espagnol – président (socialiste) en exercice du Conseil – a ensuite porté l’estocade au nom de l’UE lorsque le 19 septembre, répondant à ma question, il a affirmé ne pas vouloir agir. Sa réponse fut pour le moins consternante : le poulet n’étant « qu’un problème parmi d’autres », il ne doit pas nous faire dévier de « l’objectif fondamental de soutenir l’Ukraine face à l’agression russe ».

Pas de quoi rassurer nos éleveurs de volaille, qui devront une fois de plus payer les conséquences d’un conflit dont ils ne sont nullement responsables. Nos dirigeants font bien peu de cas de ces victimes collatérales, aussi silencieuses qu’indispensables à notre sécurité alimentaire.

Les propos tenus sur ce site n'engagent que leur auteur et non pas le Parlement européen.