09 Avr Le stockage des produits agricoles, une solution d’urgence efficace.
La crise sanitaire sans précédent que nous traversons nous porte à réfléchir sur notre capacité à surmonter collectivement les difficultés. Comme la santé, l’agriculture est de ces domaines aussi indispensables que fragiles. En témoigne la situation malheureuse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui.
Alors que la majorité des lieux de restauration collective ont été contraints de fermer, alors que la filière d’exportation tourne au ralenti, l’agriculture, elle, ne s’est pas arrêtée. Le bouleversement des chaînes d’approvisionnement ne permet plus d’absorber la production agricole. La perte de débouchés laisse aujourd’hui craindre une réaction en chaîne potentiellement catastrophique : l’excédent de certains produits sur le marché conduira à un effondrement des cours, à la disparition de nombreuses exploitations ainsi qu’à un gaspillage alimentaire considérable. Les économistes prévoient par exemple des chutes rapides de prix du lait en-dessous de 300 euros la tonne, alors qu’il était encore payé 380 euros aux producteurs au début du mois d’avril. Cela serait désastreux pour l’ensemble des exploitations laitières, quels que soient leurs tailles et leurs débouchés habituels.
Conformément à la demande de la majorité des syndicats professionnels, les baisses de production sont désormais inévitables. Dans cette situation, le stockage public et privé a, par le passé, apporté la preuve de sa particulière efficacité. Une double action devrait ainsi être initiée immédiatement. D’une part, l’Union européenne doit autoriser et aider financièrement le stockage des produits directement au niveau des opérateurs privés. Cela permettrait d’éviter préventivement une saturation du marché par des produits déjà en quantité suffisante et de prévenir un gaspillage massif. D’autre part, un rachat puis un stockage des excédents par la puissance publique doit être réalisé dans le cas où le marché se trouverait au-dessus de ses capacités. Cela permettrait de réguler publiquement les cours des marchandises agricoles et de garantir un prix d’achat viable aux agriculteurs, correspondant aux coûts de production.
Par sa capacité à réguler à la fois la quantité de produits agricoles sur le marché et les prix payés aux producteurs, le stockage est un outil de court terme efficace pour atténuer les fluctuations importantes des cours. En commission de l’agriculture au Parlement européen, je demande depuis le début de cette crise que des mesures fortes soient mises en place pour protéger les exploitations agricoles françaises des conséquences néfastes de la situation sanitaire. Je demande à la Commission européenne de se saisir de la question et de proposer pour une fois une position claire à la hauteur des enjeux.
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